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Le coeur écrasé

« fluctuat nec mergitur »

À vrai dire, je me lance dans la rédaction de cet article sans savoir s’il sera publié. J’ai peur qu’il soit mal interprété… Mais j’ai besoin d’écrire, de poser des mots sur ce qu’il se passe. Sur ces horreurs.

Vendredi soir, je reviens de Londres. L’eurostar à du retard. Nous restons bloqués sur les voies. Je suis un peu fatiguée et je n’ai qu’une hâte : rentrer, poser ma valise et sortir retrouver les copains au bar, aller au ciné, profiter.

L’Eurostar repart enfin, après 30 minutes d’arrêt au milieu de nul part. Il est 18h30, il fait déjà nuit. Une fois arrivée à la Gare du Nord, je vois le bus à l’arrêt, je cours pour l’attraper et monte de justesse. L’ambiance dans les rues de Paris est digne d’un vendredi soir, les gens sont soulagés, enfin en week-end, les festivités peuvent commencer !

Le trajet du bus 46 me fait passer par le Canal St Martin qui s’agite doucement avec ses étudiants. République, qui voit ses terrasses se remplir petit à petit de bonne humeur… Et par ce bar, « La Belle Equipe ». Tiens, je me dis que c’est un nom plutôt sympa pour un bar. Comme un rendez-vous pris entre amis, une belle équipe, des bons moments.

Et j’arrive chez moi. Je monte rapidement, je dépose ma valise. Puis une migraine qui ne passe pas, alors je décide de rester au chaud, et de ne pas sortir.
Je me dis que demain on ira au ciné, que ce n’est pas grave.

21h30, les textos affluent. On nous demande si on est bien chez nous… Alors on allume la télévision.
Et c’est l’incompréhension. L’agitation, les lumières, le téléphone qui sonne, les sirènes dehors.

Alors on rassure tout le monde, et on cherche les copains, on attend de leurs nouvelles. Les textos tombent au compte goutte. Les minutes paraissent longues, mais tout va bien.
Il y a forcément une connaissance, un ami d’ami qui est quelque part, au milieu de la tempête. Et on se sent impuissant. Tellement impuissant. Chaque sirène nous presse le coeur un peu plus.

Le temps s’écoule, les yeux ne quittent plus les téléphones ni la télévision. Le calme de l’appartement est anxiogène au regard de l’extérieur.
Incrédules, on attend, les mains tremblantes et de l’espoir plein le coeur, que tout cela s’arrête.

Le réveil est lourd, les rues de Paris sont partagées entre sourires et regards fuyants. Chaque bruit fait tressaillir les passants. Et pourtant… Les terrasses se remplissent, les gens se retrouvent.
Des bougies plein les poches on se dirige vers République, le coeur lourd. Ce n’est pas grand chose, mais nous sommes là, assez nombreux sur la place, nous sommes là. Debout, faible mais debout.

C’est l’incompréhension, la terreur.
On nous arrache la vie, la joie de vivre, des instants de bonheur. De ces personnes qui avaient des projets plein la tête, qui vivaient, qui profitaient de ce début de week-end. Certains retrouvaient sûrement des amis perdus de vues, de la famille. Ces personnes ce sont tout autant toi et moi. Ces vies ce sont aussi les nôtres.
J’ai le coeur écrasé, le coeur piétiné.

Toutes mes pensées vont aux victimes, aux familles, aux blessés. À toi Chloé.

 paris_attentats

REPU

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  1. Louise 15 novembre 2015

    Merci pour ce texte <3

  2. Julie 15 novembre 2015

    c’est un très bel article… Comme quoi cela peut se jouer à rien du tout… Je devai aller au stade vendredi mais je n’avais pas pris de billet à temps puis aller boire un verre mais j’étais malade! Comme quoi notre vie ne tient à pas grand chose!
    Il faut profiter de chaque instant et VIVRE. Le coeur lourd oui mais rempli d’amour et d’humanité, faible oui mais toujours debout. La vie va reprendre tout doucement son cours et nous serons plus fort! La France est affaibli, la France est à terre mais elle se relèvera encore une fois, plus forte et soudée…
    <3

  3. Carnet Rose 15 novembre 2015

    Ton article me donne des frissons .. C’ est horrible ce qu’il c’est passé, j’ai une énorme pensée pour les proches ..

  4. Florie 15 novembre 2015

    Tu as mis des mots sur ce que je ressens…. Merci Angéline. Se serrer les coudes et accepter inacceptable.

    <3

  5. Vincent 15 novembre 2015

    Magnifique texte

  6. G 15 novembre 2015

    Tu as transmis tellement d’émotions et de sensibilité a travers ton article. Je ne suis pas de Paris mais je vous soutiens, je soutiens notre belle France qui saura se relever de cet acte abominable. Je compatis aux proches des victimes et j’espère que ce cauchemar va s’arrêter. Mille pensées a toi et a tous les Parisiens ♡

  7. Adeline 15 novembre 2015

    Très bel article, ces mots font du bien.

  8. Mélodie D. Morley 15 novembre 2015

    Ton article me parle, c’est ce que je disais à ma meilleure amie parisienne hier soir heureuse qu’elle soit seine et sauve que nous étions chanceux, que ces gens blessés et tués ça aurait pu être nous, ça pourrait très bien devenir nous dans cet avenir incertains où la peur nous gagne où le mal est bien caché et peu frappé à tout instant derrière le visage de quelqu’un qu’on aurait pas soupçonné.

    Hier Twitter s’organisait et devenait un mur géant de recherche, parmi ces recherche Marie et Mathias un couple de 23 ans. Toute la journée j’ai vue leurs photos remonter dans ma timeline twitter et puis au alentour de 18h00 la sentence tombe, Marie et Mathias ne s’en sont pas sorti… En une seconde, tout leurs projets, tout leurs rêves se sont envolés et je sais c’est bête je ne les connaissais pas, mais nous aurions pu être eux, nous sommes eux, tout ces gens qui ne s’en sont pas sorti indemne, qui ne reverrons pas le jour où qui garderont à jamais l’horreur de ce tragique événement.

    Mais la France est belle, elle se relèvera, nous nous relèverons, la lumière finir toujours par succéder à la nuit invariablement.

  9. Louisa 15 novembre 2015

    comme je comprend ce besoin d’écrire que j’ai eu moi aussi.. merci pour tes mots, parce que même quand on en a ça fait du bien de lire ceux des autres

  10. BeauteBordelaise 15 novembre 2015

    Très jolie texte. Grosse pensées aux familles de victimes et victimes…Grosse pensée aussi aux parisiens ! On es tous concerné. Bordeaux est avec vous <3

  11. nano5975 15 novembre 2015

    moi aussi j’ai eu la flemme de sortir vendredi soir…pourquoi eux et pas moi?
    il n’ya pas de mots pour exprimer sa colère face à cette injustice!

  12. Gourmandises Citadines 15 novembre 2015

    Merci pour ce texte si émouvant. Toute la France est parisienne ❤

  13. Léa 15 novembre 2015

    Très beau texte… Je n’habite pas à Paris mais mon coeur est serré depuis vendredi soir. Tant de vies innocentes perdues… Je suis Paris <3

  14. catherine 15 novembre 2015

    Ils étaient 5, 3 frères 29, 25 et 16 ans et leurs 2 fiancées, les filles ont décidées de rester en fond de salle, être au milieu de la foule devant la scène cela ne leur disaient trop rien, les garçons eux voulaient profiter à fond de la musique, de l’ambiance, ils se sont rapprochés, ont avancé mais la foule les a séparé, les 2 plus jeunes ensemble et l’autre un peu plus loin et puis la musique a démarré tout le monde a acclamé ce groupe de rock/métal la soirée pouvait commencer et puis tout à coup des cris et des coups de fusil de guerre et soudain tout chavire, le destin est là bien présent, les filles se sont cachées, l’une a pu sortir au bout de 15mn déjouant la folie de ceux qui donnaient la mort pour aller se réfugier dans un immeuble avec plusieurs personnes affolées, l’autre s’était réfugiée au balcon, s’est terrée comme elle a pu, les 2 garçons se sont plaqués au sol, autour d’eux, sur eux des corps qui tombaient, qui gémissaient et d’autre qui se taisaient à jamais, et puis après 3h interminables l’assaut final arrivent et les délivrent enfin pas tout à fait ils hésitent à se relever pensant que leurs bourreaux les trompaient mais au bout de quelques minutes enfin ils sortent hébétés, retrouvent dehors les filles, cherchent le 3è garçon, l’aîné, ne peuvent malgré leurs supplication retourner dans la salle pour aller le chercher, et puis après plusieurs heures d’interrogatoire avec tous ceux qui peuvent le faire ont enfin la permission de partir retrouver les leurs qui les attendent avec une inquiétude qui les a rendus fous, mais toujours aucune nouvelle de celui qui manque, les hôpitaux ne leur donnent aucun renseignement, leurs demandent une photo qu’ils envoient de chez eux et enfin des nouvelles « venez il est à l’hôpital….. » à leur arrivée, ils rejoignent tout un groupe de parents comme eux fous d’inquiétude et enfin un médecin s’approche et leur dit votre fils est à la morgue….. Il s’appelait Renaud et devait se marier le 26 Août 2016, c’était le fils de mes amis.

  15. Fanny 15 novembre 2015

    Je t’envoie plein de belles pensées <3

  16. Gwen_Elt 15 novembre 2015

    Merci pour ce texte … Je n’en dirais pas plus car tu as déjà tout dit.

  17. Lutetia Flaviae 16 novembre 2015

    J’avais aussi eu besoin d’écrire après Charlie parce que je ne savais plus quoi faire. Tout me semblait si futile, je me demandais à quoi bon continuer de faire ceci ou cela. Cette fois, c’est différent. Je suis complètement figée. Autant mes émotions que mes actions. Je ne sens que mon coeur serré. Mais je te vois sur les réseaux. Je vois que tu vas à République. Que tu te relèves, que toi tu agis et réagis. Bravo !

  18. Emilie 16 novembre 2015

    Merci pour tes mots….

  19. agathechemin7522 16 novembre 2015

    C’est magnifique. Merci pour cette article❤️

  20. angelasukoussumutsu 17 novembre 2015

    Comment ne pas avoir les larmes aux yeux avec le texte de Catherine. Personne ne mérite de se faire tirer dessus comme un lapin. Ce qui se passe est horrible, mais nous avancerons tous ensemble pour vaincre, je veux y croire.
    Ton texte est très émouvant Angéline :(

  21. Martine0669 17 novembre 2015

    Très bel article…tout en retenue et émotion…mon cœur est lourd et serre …La France est Paris!!!❤️❤️Toutes mes pensées pour toutes les familles qui souffrent … »un seul être vous manque et tout est dépeuplé «